Joli coup médiatique de Nicolas Sarkozy le jeudi dernier sur TF1. L'émission "Paroles de François" animée par le très énigmatique Jean-Pierre Pernaut, a été suivie par 8,3 millions de téléspectateurs. Question : est-ce par curiosité ou par soutien au Président que TF1 a connu une telle audience ?
Le choix des intervieweurs laisse pantois. Nul ne connaît les critères de sélection de ces journalistes d'un soir mais toujours est-il qu'ils ont semblé de connivence avec Nicolas Sarkozy. Pas de contradictions ouvertes, toujours dans l'acquiescement.
L'homme du "Travailler plus pour gagner plus", qui s'en met plein les poches par le truchement de ses amis multilliardaires pendant que le peuple français continue de se serrer la ceinture assumant à lui tout seul les multiples augmentations des prix (électricité, carburant, produits alimentaires, loyers, etc.) et déjà en campagne électorale, se réjouissait d'avoir convaincu les Français. Mais que nenni ! Le sondage exclusif Harris Interactive enfonce le clou. Malgré ses airs affables contrastant avec la posture de l'agité du début de mandat, entre autres insolences "Casse-toi, povr'con", les Français ne lui font plus confiance. Du tout. Le petit Napoléon ne fera certainement pas un deuxième mandat. Le peuple voit en lui plutôt un dictateur qu'un démocrate. Et ce sera tant mieux. La réintégration de la France à l'OTAN[1], le traité de Lisbonne ratifié par la voie parlementaire[2], la mobilisation de millions de Français contre la nouvelle réforme des retraites[3] adoptée sans autre forme de procès, l'augmentation de son traitement à 140%[3], les affaires Bettencourt, MAM et Fillon, etc. restent présents à l'esprit de tous. La démocratie voudrait qu'il y ait discussion autour de ce projet ou au pire, retrait pur et simple. Nicolas Sarkozy, lui, a choisi d'adopter la réforme des retraites[4] contre le pouvoir du peuple, qui l'a porté à la magistrature suprême. Entre Nicolas Sarkozy, Ben Ali, Blaise Compaoré et Hosni Moubarak, la différence idéologique apparaît mince, très mince.
Pour la grande majorité des Français issus de l'immigration africaine, la décision semble prise, après le piétinement de la souveraineté de la Côte d'Ivoire par Nicolas Sarkozy. Beaucoup pencheraient pour la présidente du FN dont le discours politiquye leur apparaît plus cohérent.
Nous reproduisons ici l'article du quotidien "Le Parisien" relatif au sondage d'après l'émission.
Mais à la lecture de notre sondage exclusif Harris Interactive, le chef de l’Etat a moins de raisons de se réjouir : 46% seulement des personnes ayant regardé « Paroles de Français » ont été convaincus par le président.
Alors qu’elles étaient 57% à partager cette opinion, il y a un an, à l’issue de la précédente émission de ce type. Lui qui voulait profiter de cette intervention pour recréer un lien de proximité avec les Français n’a donc pas atteint l’objectif qu’il s’était fixé.
D’autant que ce chiffre plonge même à 26% quand on interroge l’ensemble de la population. C’est-à-dire aussi bien les Français qui ont suivi — en totalité ou en partie — l’émission que ceux qui ne l’ont pas regardée mais en ont entendu parler.
Pourquoi un tel écart ? « Tout simplement parce que les personnes qui n’ont pas regardé TF 1 jeudi soir sont, a priori, plus critiques vis-à-vis du chef de l’Etat, explique Jean-Daniel Lévy, directeur d’Harris Interactive. Mais elles ont tout de même pu se forger une opinion par la manière dont les uns et les autres en ont parlé après, notamment dans les médias et à travers les réactions de la classe politique. »
LE SONDAGE*
(*Sondage réalisé en ligne les 10 et 11 février. Echantillon de 1117 individus issus de l'accès panel Harris Interactive, représentatifs de la population française âgée de plus de 18 ans. Méthode des quotas).
Mais tout n’est pas négatif pour le chef de l’Etat. Sur les thématiques centrales de son électorat traditionnel, Nicolas Sarkozy garde encore un certain crédit : 58% des personnes ayant suivi l’émission ont ainsi été convaincues par ses propositions sur la dépendance des personnes âgées. Et dans le conflit qui l’oppose aux magistrats, ils sont encore 51% à le soutenir.
« En revanche, il éprouve plus de difficultés sur les sujets qui touchent plus au quotidien des Français », note Lévy. Sur le chômage, malgré le déblocage de 500 millions d’euros en faveur de l’emploi, seulement 40% des téléspectateurs ont été convaincus. Et ils ne sont que 30% à le juger capable de répondre au problème du pouvoir d’achat. Même sur la sécurité des biens et des personnes, pourtant l’un des marqueurs de son action, sa proposition de renforcer la vidéosurveillance ne suscite pas une adhésion majoritaire (55% d’avis défavorables).
Enfin, sur les polémiques qui ont récemment touché le gouvernement, 54% des téléspectateurs n’ont pas été convaincus par les explications de Sarkozy sur les vacances de Michèle Alliot-Marie en Tunisie.
1] Le président Nicolas Sarkozy a annoncé, mercredi 11 mars, le retour de la France dans le commandement milliaire intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), tournant la page ouverte par le général de Gaulle en 1966.
2] Après le rejet par 55 % des Français par voie référendaire en 2005 du projet de traité établissant une constitution pour l'Europe, la France de Nicolas Sarkozy ne propose pas un nouveau référendum aux citoyens au motif que ce nouveau traité n'est pas une Constitution européenne. Cependant, une révision de la Constitution française, effectuée par la voie du Congrès le 4 février 2008, permet la ratification du traité lui-même par la voie parlementaire le 8 février 2008.3] Une note interne de l'Elysée fait passer la rémunération annuelle du chef de l'Etat de 101 488 à 240 000 euros, soit une augmentation de 140%. Avant l'augmentation effective au 1er janvier 2008, Nicolas Sarkozy a demandé à continuer de percevoir son salaire de ministre l'Intérieur jusqu'au 31 décembre 2007, soit 11 500 euros net. Le budget de l’Elysée triple dans le même temps, passant de 32 millions d'euros environ à plus de 100 millions d’euros.
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