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Frantz Fanon « Les damnés de la terre »

lundi 22 novembre 2010

Suisse : Soutien à Ricardo Lumengo Premier et seul Africain parlementaire à Berne

CRAN - CARREFOUR DE REFLEXION ET D’ACTION CONTRE LE RACISME ANTI-NOIR Observatoire du Racisme anti-Noir en Suisse

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APPEL - 20 NOVEMBRE 2010

Soutien à Ricardo Lumengo
Premier et seul Africain parlementaire à Berne

Juriste bénévole dans un centre pour l’intégration des étrangers, à Bienne (canton de Berne), et premier élu africain au Parlement fédéral, M. Ricardo Lumengo, d’origine angolaise, a été condamné par le Tribunal pénal de Bienne, le 11 novembre, pour « fraude électorale ».

LES FAITS

En 2006, durant la campagne pour les élections au parlement cantonal bernois, le candidat Lumengo rencontre dans sa ville de Bienne des personnes dans la rue, les bistrots et parfois à leur domicile. Il s’agit le plus souvent d’amis ou de connaissances. Naturalisés de fraiche date, certains le questionnent sur la manière de remplir leurs obligations civiques de vote. Il les invite parfois à son bureau de consultation. Où, grâce à des spécimens de bulletin de vote servant de modèles, il peut leur donner une explication plus concrète. Des personnes sont ainsi reparties avec le bulletin qui avait servi de modèle, afin de pouvoir bien remplir le bulletin de vote. Mais, chacune de ces personnes gardait son libre choix avant de remplir et d’envoyer son bulletin par correspondance ou en allant le glisser dans l’urne dans un local de vote.

Malgré les explications données, 44 personnes ont sans doute voulu faire plus simple. Elles ont préféré glisser dans l’enveloppe les "bulletins-exemples" que M. Lumengo a remplis et qui portent son nom. Toutefois, à l’exception de 2 bulletins validés, les 42 restants seront exclus du comptage parce que déclarés invalides pour vice de forme.

C’est seulement en 2008, que ces faits sont soulevés contre M. Lumengo, à la suite de sa victoire aux élections fédérales de 2007. Elu avec 11 000 voix d’avance sur son poursuivant, il est soupçonné d’avoir rempli lui-même 47 bulletins. Mais l’enquête graphologique le disculpe. Les soupçons se portent alors sur le dépouillement de 2006 concernant son élection au parlement cantonal qu’il vient pourtant de quitter pour le parlement fédéral.

Si M. Lumengo reconnait avoir commis une erreur d’appréciation sur les personnes qu’il a voulu aider en 2006, il ne se considère pas avoir commis de délit intentionnellement !

L’APPEL

De ce qui précède, nous, Signataires du présent Appel, à l’initiative du CRAN,

Nous regrettons vivement de voir que l’acte civique de M. Lumengo, dont la profession et l’engagement bénévole consistent principalement à accompagner les personnes d’origine
étrangère dans leur intégration en Suisse, soit interprété comme un acte délictueux et que des circonstances atténuantes deviennent incriminés sont ainsi d’une grande complexité dans le chef du politicien et bénévole pédagogue Lumengo. Ne devraient-ils pas relever de la responsabilité des personnes ayant posé l’acte ultime de vote, d’autant que la quasi-totalité des bulletins a été invalidé ? des circonstances aggravantes. Les faits incriminés sont ainsi d’une grande complexité dans le chef du politicien et bénévole pédagogue Lumengo. Ne devraient-ils pas relever de la responsabilité des personnes ayant posé l’acte ultime de vote, d’autant que la quasi-totalité des bulletins a été invalidé ?

Nous déplorons profondément que le premier parlementaire d’origine africaine soit réduit, à son corps défendant, à incarner le symbole du premier parlementaire suisse condamné pour fraude électorale, alors que les traditions judiciaires et politiques suisses se sont souvent révélées plutôt complaisantes, à l’exemple des deux cas suivants :
En 1994, au Parlement à Berne, le dépué Chisoph Blocher (UDC) a pressé le bouton de vote à la table de sa voisine absente, s’appropriant ainsi frauduleusement
son vote. Ses collègues décideront de ne pas lever son immunité parlementaire, lui épargnant ainsi des pousutes judcares inamantes. Il deviendra par la suite un
Conseiller fédéral très respecté par l’ensemble de la classe politique du pays.

En 2003, le parlementaire Hans Ulrich Mathys (UDC) inscrira son nom sur 21 bulletins de vote pour son élection. Bien qu’ayant auparavant admis sa fraude, son procès se
soldera par un non-lieu. Il restera au Parlement jusqu'à la fin de son mandat, en 2007.
Devant une pratique qui ne serait pas si exceptionnelle, le socialiste Philippe Garbani, préfet du district de Bienne et en politique depuis plus de 20 ans, minimisera en ces termes l’acte de M. Lumengo : « Ce n'est pas grave. Certains le font systématiquement » (Le Matin du 9 janvier 2008).

Nous déplorons l’attitude des dirigeants du Parti socialiste suisse qui, face au sort qui accable un des leurs, se sont empressés de réclamer la démission de M. Lumengo de son
poste de parlementaire, alors que, jusqu’à preuve du contraire, ce dernier ayant interjeté appel, l’état de droit suisse le présume toujours innocent. En outre, son mandat arrivant à échéance dans quelques mois, le prochain verdict des urnes aurait pu être privilégié.

Sa démission du parti, intervenue le 16 novembre dernier, se trouve justifiée, devant l’intolérance de ses camarades, devenu pestiféré.

Nous tenons à affirmer notre total soutien à M. Lumengo et l’encourageons à poursuivre, au Palais fédéral, l’accomplissement d’un travail parlementaire apprécié par ses collègues et qui a contribué à la bonne marche de la vie politique suisse.

Nous continuons à garder toute notre confiance dans la justice helvétique et encourageons M. Lumengo à utiliser toutes les voies de recours que lui offre l’état de droit suisse pour faire triompher la bonne foi et l’esprit civique qui ont toujours guidé ses actes incriminés.

Nous appelons toutes les forces vives du pays - hommes/femmes politiques, militant-e-s et organisations de la société civile ainsi que toutes personnes attachées à la promotion de la diversité en politique, en particulier ses électeurs - à continuer à marquer leur confiance à M. Lumengo, symbole national de l’intégration, de la reconnaissance et de la promotion de la diversité, à un moment où les forces de l’intolérance ne cessent de gagner du terrain.

Nous les appelons particulièrement à ne pas céder à la psychose ambiante marquée par l’hyper-amplification de la criminalité dite étrangère, objet d’une initiative raciste soumise en ce moment au peuple, et à préserver ce début d’ouverture que constitue la présence d’un Noir au sein de l’hémicycle national suprême.

Les Signataires : associations et personnes physiques



Information très importante transmise par le CRAN suisse (CARREFOUR DE REFLEXION ET D’ACTION CONTRE LE RACISME ANTI-NOIR), organisation de lutte qui n'a rien à voir avec le CRAN français.

Via
ARMADA le 22 nov.2010


Pour signer l'Appel : http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=

Merci de le diffuser le plus largement possible autour de vous.

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