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« Chaque génération découvre sa mission, elle la trahit ou l'assume »

Frantz Fanon « Les damnés de la terre »

lundi 22 novembre 2010

Quel choix pour la Côte d'Ivoire ?

« Chaque génération découvre sa mission, elle l'assume ou la trahit. » 
Frantz Fanon « Les damnés de la terre ».
Face-à-face GBAGBO-OUATTARA
Ce face à face est le bienvenu et c'est avec impatience que le peuple ivoirien l'attend. En effet, il devrait démontrer aux Ivoiriens qui de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, peut porter les valeurs et l'aspiration profonde du peuple Ivoirien. Si la démocratie, quelquefois en termes d'élections, appelle à des ralliements, l'appel à soutenir Alassane Ouattara lancé par le président du PDCI Henri Konan Bédié suscite à la fois des colères et des inquiétudes. De par sa nature même. D'aucuns n'imaginaient Bédié s'allier avec celui qui l'a chassé du pouvoir et envoyé en exil. A tort ou à raison, on occulte le parapluie politique fait de bric et de broc, de coups tordus et fumants parfois. Les hommes politiques ivoiriens n'échappent pas à cette règle de la danse du ventre. Bédié le premier caressé dans le sens du poil par le petit-frère Alassane Ouattara, reconnaissant qui dirigerait le pays sous l'autorité du grand-frère. Plus fort, ADO compare HKB à Julius Nyerere, l'illustre Premier ministre de 1961-1962 et Premier Président de Tanzanie de 1962 à 1985. Pour rappel, mort en 1999, Julius Nyerere est nommé en 2009 "Hero World Tour de la Justice sociale" par l'ONU.  C'est vexant mais passons ! ADO sait les limites intellectuelles de Bédié. Il sait aussi que Bédié, c'est le corbeau de la Fontaine, il fonctionne à la flatterie. Tant pis pour lui, le renard des savanes dévorera bien son fromage au moment venu. Mais la théorie tribale dont font écho certains quotidiens et médias et l'exploitation systématique qu'en font les états majors des deux candidats représentent une menace pour la cohésion nationale. On fait des calculs politiciens, on table sur les postes ministériels ethniques sans pour autant interroger la réelle aspiration du peuple, ni le programme politique des candidats. On parle du Nord (cinq régions) totalement et entièrement acquis à la cause de Alassane Dramane Ouattara, des Lacs, du Nzi comoé et du Bas-Sassandra (même pas acquis ni totalement ni entièrement à Bédié) remportés par Bédié. De l'autre côté, on se réjouit du seul candidat qui réunit la diversité ethnique ivoirienne, Laurent Ggbagbo avec 11 régions remportées sur 19. Au vu des couteaux sortis ces derniers jours, il y a danger en la demeure ivoire, au soir de l'annonce des résultats définitifs.
Les noms d'oiseaux volent bas en ce moment. Bédié continuent d'accuser Gbagbo d'avoir manifestement tripatouillé les résultats du premier tour. Et il en a gros sur la patate, le corbeau, qu'il croît que Gbagbo, le plus jeune de tous, la cause de son élimination de ce match démocratique impitoyable. Alors, avant de rejoindre le cimetière des éléphants, il faut qu'il se venge. Le père de l'ivoirité emploierait tous les moyens même illégaux pour que Gbagbo perde. Alassane Ouattara, sûr de tenir enfin le bon bout alerte ses alliés du RHDP sur Les réfondateurs incarnés par Laurent Gbagbo dont « certains paniquent et sombrent dans l’intoxication et le mensonge. Oui, ils le font parce qu’ils n’ont aucun bilan, aucun projet, aucun programme pour les Ivoiriens. Oui quand M. Gbagbo se rend à Yamoussoukro, c’est le Grumman acheté par le Président Félix Houphouët-Boigny qu’il utilise. Quand il est à Yamoussoukro, il dort dans le Palais construit par le Président Félix Houphouët-Boigny ; quand il va par la route, ce sont les routes bitumées par les présidents Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié ; les voitures qu’il utilise sont celles achetées par le Président Henri Konan Bédié. Oui, quelqu’un qui n’a rien fait en dix ans pour les Ivoiriens et pour la Côte d’ivoire. Alors oui, ils pensent que nous ne le savons pas, mais les Ivoiriens ne sont pas naïfs. Les Ivoiriens savent que tout ce qui existe aujourd’hui, c’est grâce au président Houphouët et au président Bédié que nous le devons. Il s’agit de comparer le bilan des Houphouëtistes d’un côté et la pagaille des refondateurs, le désordre créé par les refondateurs, la décadence de la Côte d’Ivoire créée par les refondateurs de l’autre. Oui à cause de cela, ils veulent tirer les débats vers le bas et ils ne font que raconter des mensonges. Je voudrais donc profiter de l’ouverture officielle de la campagne pour mettre en garde Laurent Gbagbo.  » à la fermer. Gbagbo, quant à lui, ne s'en prend pas à Bédié mais à son adversaire du second tour et sort les canons des grands dossiers d'Etat qui « font d'Alassane Ouattara le chef des « putschistes »: “Je suis heureux d’être en face d’Alassane Ouattara parce que je suis contre ceux qui font les coups d’Etat. Je suis heureux parce que lui et moi allons nous expliquer face-à-face pour que les ivoiriens sachent une bonne fois pour toute qui a envoyé la guerre en Côte d’ivoire. Je ne suis pas là pour laisser les ivoiriens être maltraités par n’importe qui. Jamais ! Toute ma vie, je me suis battu contre les putschs et les putschistes. Écartons-les donc et faisons notre programme pour développer la Côte d’Ivoire”.
Le candidat de la LMP est heureux de rencontrer dans un face-à-face télévisé souhaité par tous son adversaire de toujours. Nous aussi. Il faudra cependant que Laurent Gbagbo soit à la hauteur pour gagner les sceptiques à sa cause. Je veux dire, qu'il évite de tomber dans la provocation. Alassane Ouattara se posera, comme son maître, l'agité de France l'avait fait en son temps, en homme calme, maîtrisant ses dossiers, courtois, rassembleur. Offensive#invective. Appuyer sur le talon d'Achille de l'adversaire, le bilan notamment pour rebondir sur son propre programme, ses propres actions mises en œuvre ou susceptibles d'être mises en œuvre et son « I have a dream » pour la Côte d'Ivoire de demain, dans le Monde et en Afrique. Voilà ce que l'Afrique attend de celui qui a pris 20% au "vieux" Houphouët-Boigny (Paix à son âme). 
On le voit bien, ceux qui soutiennent ADO sur le continent sont toujours les mêmes, aujourd'hui minoritaires certes, mais tenaces bras séculaires du néo-colonialisme qui ne veulent ni changement ni progrès pour l'Afrique. Ils ont plus de 120 comptes bancaires, des centaines d'immeubles en France (seulement...imaginez ce qu'ils possèdent ailleurs). Tout pour eux, tout pour leurs maîtres et rien pour les peuples qu'ils sont censés rendre heureux. Combien d'Africains meurent-ils en mer chaque année pour échapper à la misère dans leur pays ? Comment sont traités les ressortissants de ces pays africains subsahariens en Europe et particulièrement en France ? Comment appelle-t-on donner de l'argent à quelqu'un pour qu'il vous élise ? La corruption. On connaît ce procédé vieux comme « l'indépendance » de nos pays, procédé qui consiste à se désintéresser des problèmes du peuple pendant le temps d'une mandature puis tout à coup à s'en préoccuper à coups de gros sous (Attention, ces miracles-là utilisent vos malheurs pour vous déshumaniser) lors des campagnes électorales. On vous dit « vous verrez, quand je serai élu, je construirai des écoles, des hôpitaux, vous serez gâtés... Voyez-vous, je vous donne un peu d'argent aujourd'hui en tant que candidat, imaginez ce que je peux vous donner quand je serai élu, etc... ». Pourquoi attendre les élections pour se préoccuper de la misère du peuple ? Ne peut-on pas faire preuve de citoyenneté longtemps avant les élections ? C'est aussi une mesure utile pour jauger les candidats à savoir qui est prêt de mourir pour son peuple et qui ne l'est pas. Il est du devoir des Ivoiriens éclairés sur les questions de société d'expliquer aux Ivoiriens non éclairés les véritables enjeux de cette présidentielle qui sont loin d'être des enjeux régionalistes ethniques ou départementaux. D'autres élections telles que municipales, législatives s'y prêtent.
La Côte d'Ivoire est à un tournant décisif de son Histoire. Un retour en arrière plombera pendant de longues décennies la marche triomphale de notre pays. La continuité de cette marche verrait briller l'étoile de la Côte d'Ivoire au firmament des nations. Il n'est plus admissible que l'opinion internationale continue de pleurer sur les peuples africains qui ne seraient « pas suffisamment entrés dans l'histoire ». Il n'est plus admissible que le monde continue de nous inculquer « le larbinisme, le complexe d'infériorité, la peur "de notre capacité à réussir par nous-mêmes", le désespoir, l'agenouillement »* comme ils l'ont fait à nos ancêtres. Au fait, que pensez-vous de ces petits pays d'hier devenus aujourd'hui puissants ? La Corée du Sud, Taïwan, ça vous parle ? Et la FrançAfrique, ça ne vous dit rien ? Qu'en pensez-vous ? Savez-vous ce que c'est la mondialisation ? Si! Ne faites pas les ignorants. Et l'ACP (Afrique Caraïbe Pacifique), vous vous en souvenez ?  Tout se joue maintenant. Il ne s'agit pas  d'opposition ethnique, il ne s'agit pas non plus de grand-frère ou de petit-frère (le lion et le rat de la Fontaine éclaire notre entendement) ni de philosophie ni d'un parcours académique mais de l'intérêt supérieur de notre pays, de l'héritage de nos ancêtres comme de l'héritage à laisser à nos enfants. Ne nous voilons pas la face, nos souvenirs nous rappellent à l'ordre. Eh bien, au regard de l'évolution du monde, au regard de notre propre condition humaine ici comme ailleurs, si nous sommes objectifs avec nous-mêmes, nous en déduisons, le cœur fendu que les moutons de panurge, c'est bien nous les Africains. Mais il n'est jamais trop tard pour mieux faire.
Nous sommes la Côte d'Ivoire Cessons de nous reposer sur un maître Soyons acteurs de notre propre destin.
Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !

Par Pascal Bonin
*Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire, P.24.

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