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Frantz Fanon « Les damnés de la terre »

lundi 31 janvier 2011

Pourquoi je n'achèterai plus jamais "Libération"

source : http://kouamouo.ivoire-blog.com/


Il y a des moments où le pacte de confraternité entre journalistes doit être égratigné pour des raisons élémentaires de salubrité intellectuelle. Ce petit billet vise en tout cas à dénoncer les pratiques étranges du quotidien français « de gauche » contrôlé par la famille Rothschild. J'ai nommé Libération. Ce 7 janvier, je vais à un kiosque parisien pour me procurer ce journal - que je n'achète plus depuis longtemps, préférant de loin le professionnalisme du Figaro ou du Monde à sa morgue germanopratine. Mais sa « Une » sexy sur « les réseaux français de Gbagbo » a attiré ma curiosité.

A la lecture du « dossier » de trois pages, qui n'est qu'une recension éditorialisante d'informations déjà données par des confrères - y compris le site Rue89 qui est, lui, gratuit -, un vaste sentiment de dégoût s'est emparé de moi. On le devine aisément, la « liste » dressée par « Libé », qui s'est débrouillé pour publier le maximum de photos des « amis de Gbagbo » qui représentent « le pire des relations entre les deux capitales », est d'intimider assez ceux qui, en France, n'approuvent pas la politique ivoirienne de Nicolas Sarkozy. L'enjeu est d'empêcher tout vrai débat national sur la question, en séparant les « bons » ouattaristes des « méchants » gbagbophiles. Nulle part, dans le dossier, on ne donne la parole aux pestiférés. Nulle part, on ne met en lumière leur discours, leurs arguments. On les diabolise, histoire d'arriver à un unanimisme national dangereux pour la démocratie.

Le procédé rappelle ces journaux camerounais controversés qui ont diffusé, il y a un temps, des listes d'homosexuels supposés, pour les livrer à la vindicte populaire. Il est méprisable. Non pas parce que Libé choisit son camp - c'est son choix, et je suis un militant du journalisme d'opinion - mais parce que le quotidien créé par Jean-Paul Sartre, qui surjoue, sur des enjeux mineurs, son ancrage à gauche, trompe ses lecteurs. Depuis le 19 septembre 2002, plus que Le Figaro, plus que tout autre journal, il est à la manouvre pour Ouattara, le champion de la droite française. Il n'hésite pas à mentir, travestir les faits, à s'autocensurer. pour complaire à un prétendu adversaire idéologique. Je parle ici de Chirac puis de Sarkozy...

Libération est le seul quotidien français qui a écrit, après le début de la rébellion menée pour le compte de Ouattara, qu'il n'y avait rien en Côte d'Ivoire. Ni putsch ni mutinerie. Mais un auto coup d'Etat mené par Gbagbo. Contredit par les faits, le journal n'a jamais fait amende honorable. Sans le moindre début de preuve, Libé a écrit que l'entreprise Tommy, qui a déversé des déchets toxiques au port d'Abidjan, était la propriété de Simone Gbagbo. Or elle appartient à un Nigérian qui croupit à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA). Libé, dont les envoyés spéciaux étaient à Abidjan en novembre 2004, a respecté l'omerta profitant à Jacques Chirac selon laquelle il fallait faire le black-out sur les 64 civils ivoiriens tués par l'armée française ; omerta que Canal + et Le Canard Enchaîné ont courageusement violé. Contrairement au Monde et au Figaro, Libé n'a jamais enquêté sur les incohérences de la version française quant au bombardement de la base française de Bouaké le 6 novembre 2004.

Les ventes de Libé chutent-elles inexorablement ? Je m'en réjouis. Ce quotidien, que nous considérions (jeunes et naïfs étions-nous) comme une « bible » lorsque nous étions à l'école de journalisme, ne mérite pas d'exister. Lâche sur le fond, verbeux sur la forme, germanopratin et donneur de leçons, réduisant le fait d'être de gauche à une sorte de « culture » élitaire et dépressive, il représente le pire de ce qui se fait en matière de presse en France. Je n'achèterai plus jamais Libération.

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